Praṇayama
Pranayama est la discipline du souffle, l'art de la respiration qui vise à harmoniser notre énergie vitale. Le pranayama est un anga un membre, un auxilliaire du yoga. Le pranayama, est une pratique centrale et majeure du yoga. "Elle permet d'harmoniser le corps, les énergies et l'esprit. Elle est autant un outil thérapeutique efficace qu'un accès à l'intériorité." (Christian Tikhomiroff). Les techniques de pranayama visent le calme du mental, l'apaisement des émotions, l'éveil et la maîtrise de l'énergie, l'ouverture sur une dimension spirituelle.
Il y a plusieurs étymologies.Le premier sens est maîtrise du souffle, prana signifiant souffle et yama maîtrise, régulation. Le second sens est amplification du souffle prana signifiant toujours souffle et ayama absence de contrôle, allongement, amplification. L'étymologie indo-européenne donne pour la racine "an" le sens de « souffle, vent, âme », autrement dit « souffle matériel ou immatériel ». Ce double sens de « souffle matériel et immatériel » se retrouve dans le sanskrit prana souffle matériel (que l’on inspire et expire) et prana énergie contenue dans l'univers.
Dans la tradition du yoga prana désigne l'énergie totale de l'univers, l'énergie personnelle, la force de
vie et la respiration. Le pranayama est donc l'allongement du souffle l'augmentation de la force de vie et de la longévité.
La vie a besoin d’énergie. Pour vivre le corps trouve ses sources d’énergie dans son environnement notamment dans l’air. Par l'inspiration (prana vayu) il capte de l’oxygène et des petits ions négatifs qui sont acheminés vers les cellules et les organes pour des réactions d'oxydo-réduction sources d’énergie (dont de la chaleur). Des produits de ces réactions d' oxydo-réduction comme le gaz carbonique et dautres toxines du sang, sont évacués par l'expiration (apana vayu). Le prana vayu doit fournir l’énergie adaptée aux besoins de l'organisme (samana vayu pour l'assimilation, vyanna vayu pour la circulation et udana vayu pour l'action). Un organisme en parfaite santé repose sur une adéquation entre l'énergie captée et l’énergie nécessaire à l'organisme pour le bon fonctionnement de tous ses systèmes. Par ailleurs l’expiration apana vayu doit suivre les besoins de rejets de gaz usés dans le mécanisme de la respiration. Si apana ne fonctionne pas assez l'organisme s'alourdit s'encrasse perd de sa vitalité. Ce besoin besoin d’équilibre entre prana et apana se traduit dans les exercices de pranayama par la recherche d'équilibre entre inspiration et expiration.
En terme de yoga on dit que c’est le prana qui anime l'être humain vivant et que le prana de l'air est essentiel: d'où l'importance des exercices respiratoires dans le pranayama. En pratique le pranayama regroupe un ensemble de techniques basées sur le contrôle de la respiration et de rétentions (kumbaka). Les yogi arrivent effectivement à augmenter le contrôle sur le prana de façon consciente.
La pratique du pranayama procure en premier lieu des bienfaits corporels et psychiques et se révèle aussi comme un moyen de calmer le mental.
Les exercices de pranayama ont d’abord une action mécanique directe: c’est le massage des organes profonds de façon plus efficace que par des massages externes.
Les exercices de pranayama permettent d'amplifier la respiration et donc d’augmenter le métabolisme par un apport supplémentaire d’oxygène de « comburant » pour « brûler » plus de « carburants » : sucres, graisses, protéines (molécules constituées de nombreux atomes de carbone d' oxygène d' hydrogène et parfois d'azote, de soufre, etc.).
Par ailleurs en augmentant l’expiration on évacue plus de gaz carbonique et de toxines ces déchets qui ne sont pas excrétés. Une étude récente a montré
que lorsqu’on perd du poids, plus de 80% du gras éliminé s’échappe par l’expiration. L’inspiration active le système nerveux sympathique qui commande les contractions musculaires et
l’augmentation du rythme cardiaque. L’expiration a au contraire un effet parasympathique qui commande les détentes musculaires et le ralentissement du rythme cardiaque.
Le pranayama prouve une certaine efficacité contre les problèmes respiratoires tels que l’asthme, les troubles digestifs et les migraines. La pratique régulière du pranayama se traduit par l’augmentation de l'énergie personnelle, l’amélioration de l'humeur et par une meilleure gestion des évènements et des émotions. Une étude américaine récente a montré qu’une pratique régulière de pranayama fait chuter le taux de dépression chez les anciens combattants (les vétérans) atteints de syndromes post traumatiques.
L'importance primordiale de la respiration abdominale, du déblocage du ventre, le principe de la respiration par le nez, le rôle essentiel d'une expiration complète sont parmi les éléments fondamentaux de la respiration yogique.
Il faut aussi y rajouter la justesse du souffle prana yuktam, la visualisation du souffle, les retentions (kumbaka), les verrouillages bandha , les mantra, les mudra comme la position de la langue, etc...
Dans la respiration yogique on contrôle toute une série des muscles pour régler le volume, la pression et le débit de l’air lors de la respiration : ceux de l’abdomen et du plancher pelvien, le diaphragme, les muscles intercostaux, ceux de la glotte, des narines.
On utilise à la fois l’abdomen, le thorax et le niveau sous claviculaire pour une respiration complète plus profonde et plus ample mais la plus importante est la respiration abdominale.
Il ne s’agit pas d’inspirer autant que possible mais d’abord d’expirer au maximum pour libérer le plus grand volume possible pour la nouvelle inspiration.
La respiration yogique se fait par le nez. Le nez filtre l’air, en ajuste la température, l’humidifie et permet de contrôler de la respiration. Chez une
personne en bonne santé la respiration alterne d’une narine à l’autre chaque deux heures environ.
La mauvaise respiration est un mal très répandu aux conséquences néfastes sur la santé. La mauvaise respiration trouve un substrat dans l’anatomie humaine, mais elle est provoquée, aggravée et entretenue par de mauvaise habitudes posturales et par l’accumulation de souffrance psychologique. L’homme est le seul mammifère ou l’air et la nourriture peuvent prendre le même chemin dans la gorge : c’est la conséquence du rétrécissement du visage au cours de l’évolution. Des mauvaises postures telles que la position assisse à un bureau contribuent à refermer la cage thoracique, à plier le ventre, à gêner les mouvements du diaphragme nécessaires à une bonne respiration. Enfin les situations de violence subie, d’abandon, d’échec, de peur, d’émotion provoquent des réactions physiologiques de type gorge serrée, souffle coupé, suivies d’inspiration allongées et d’expirations raccourcies qui provoquent la mauvaise respiration.
Les pranayama les plus utilisés sont les suivants